A la lecture de ce rapport et de
son rapport détaillé annexé, c'est l'image du jeu de la patate chaude qui
s'impose...
La municipalité souhaite
visiblement transférer cette chaufferie et surtout toutes les responsabilités
qui y affèrent. Le délégataire devra gérer l'exploitation à ses risques et
périls, financer également tous les investissements et assumer les
investissements passés.
Quand on sait la somme
d'aberrations et d'opérations plus que douteuses qui ont accompagnées la vie de
cette installation jusqu'à aujourd'hui, les usagers peuvent être très inquiets
sur l'avenir de leur facture de chauffage. Car l'opérateur qui acceptera un tel
cahier des charges ne pourra le faire à perte et sera bien obligé de se
"refaire" sur la redevance des usagers.
Car l'état des lieux de la
situation actuelle n'est guère reluisant et prend plutôt les atours d'un
scandale social de plus.
Le premier scandale est le montant
des factures qui durant la dernière décennie a été quasiment multiplié par
quatre alors que les augmentations des énergies ne justifieraient qu'un
doublement. Le doublement aurait été déjà bien suffisant compte tenu des
revenus moyens de ces usagers. Scandale redoublé quand on sait qu'un grand
nombre d'usagers ont opté pour leur raccordement suite à de vaines promesses de
baisses de charges de chauffage… Normalement, le coût de l’énergie produit par
une chaufferie urbaine devrait être en moyenne inférieur de 30% à celui produit
classiquement : c’est tout l’intérêt de mettre en place une chaufferie
urbaine. Or, à Vénissieux il s’avère que le chauffage urbain revient de 30 à 40
% plus cher que la normale. Il en est de même pour la production de l’eau
chaude sanitaire dont le prix atteint 13,00€/le m3 à Vénissieux, alors que le
prix moyen en France est d’environ 7,00€/ le m3.
A ce scandale s'ajoute un second,
celui de l'opacité. A l'inverse du discours de la soi disant transparence tenu
par la municipalité, les personnes qui
ont demandé des informations précises n'ont pu les obtenir. Impossible d'aller
au-delà des contenus apportés dans les grands messes appelées pompeusement
"Comité de transparence et de surveillance du chauffage urbain". Les
contenus de ces réunions publiques sont tout à la fois incompréhensibles pour
les personnes présentes et tronqués. A titre d'illustration, il nous a été
confié de sources sûres, comme le sait très bien M. Millet, que certains
« investissements/P4 » ont été glissés dans le compte
« combustible/P1 ». Masquant ainsi ces surcoûts dans une augmentation
fictive des énergies. Tel a été le cas notamment des investissements relatifs
aux installations destinées à brûler les graisses animales prématurément
détruites peu de temps après leur mise en service et donc bien avant d’avoir pu
être amorties.
Ce scandale de l'opacité est
devenu nécessaire pour en masquer un qui est encore plus profond : celui de vos
errances désastreuses en termes de choix technique. Durant cette dernière
décennie environ la moitié des investissements réalisés pour de nouvelles
installations ont été prématurément détruits et ce avant d’avoir pu être
amortis. Sur les 22 millions d’investissements réalisés, ont parle de 10
millions qui ont été prématurément détruits. Un gaspillage abusif qu'il a bien
fallu, d'une manière ou d'une autre faire supporter au final par les seuls
usagers.
A ces investissements jamais
amortis, il faut ajouter encore une totale et irresponsable fuite en avant du raccordement
de nouveaux abonnés. Arguant de la nécessité de diviser sur un plus grand
nombre d’usagers le coût des investissements réalisés, la municipalité occulte
le fait que chaque nouveau mètre de tuyauterie coûte une fortune et plombe
encore un peu plus les investissements déjà réalisés. Scandale supplémentaire,
pour attirer de nouveaux utilisateurs, les coûts de raccordement sont sous-évalués
et la différence se retrouve à la charge des autres usagers.
A la longue liste des scandales de
cette chaufferie il faudrait peut-être encore ajouter celui du mauvais
entretien et de la vétusté du réseau de chaleur pour lequel les usagers abondent
pourtant généreusement au comptes P2 et P3, respectivement pour les petits et
les gros entretiens.
En lien avec cet énième scandale,
on pourrait encore mentionner celui de la SACOVIV qui, sur la Résidence Jacques
Duclos, récemment connectée à la chaufferie urbaine, n’a pas hésité à
refacturer en toute illégalité dans les charges générales de ses propres
locataires, les 40% de déperditions constatés entre le compteur général de la
sous station de la résidence et les calories réellement consommées par les
usagers. Ces déperditions facturées au bailleur par la SECV ont ainsi été ré-imputées
par la SACOVIV dans les charges générales des locataires de la résidence !
Il est certain qu'à la vue de tout
ce que je viens de rappeler il est plus qu'intéressant de faire porter les
risques d'exploitation et d'investissement par le délégataire. De plus, il est
à noter que le choix d'une délégation de service public de type concession est
de nature à rassurer les habitants de Vénissieux non usagers de cette
chaufferie collectiviste. Car dans le cas d'une régie directe les non usagers
prendraient le risque de payer à travers la municipalité la note d'un
dispositif de chauffage dans lequel ils n'ont rien à voir. Il n'en reste
cependant pas moins une grande inquiétude pour les usagers qui pourraient voir le
délégataire encore augmenter leur facture pour se garantir de tous les risques
non négligeables que vous lui demandez d'encourir.
Étant donné le contexte quelque
peu effarant de votre gestion de ce dossier depuis des décennies et le peu de
confiance que tout cela peut nous inspirer, il est évident que nous ne pourrons
nous positionner sur votre rapport et que notre vote ne pourra être que celui
de l'abstention.
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