jeudi 22 septembre 2011

Veninov, quel gâchis !

En sortant de l'usine Véninov cet après midi, après avoir rencontré des membres du personnel puis les délégués syndicaux, je ne pouvais m'empêcher de rager face à cet énorme gâchis. Gâchis humain d'abord (88 salariés), gâchis économique et même gâchis politique.
Véninov était loin d'être une entreprise moribonde
Car cette entreprise n'est pas une société en difficulté au sens habituel du terme. Avec sa compétence reconnue et ses carnets de commandes, Veninov était solide sur le plan économique et avait toute sa place (pour ceux qui connaîtraient insuffisamment ce dossier, nous les invitons à lire un article qui nous apparaît clair et complet paru sur Liberation.fr [une fois n'est pas coutume !]). Il est certain que si l'entreprise Veninov est démantelée, cette activité ne se retrouvera pas en France mais à l'étranger. Ce sera encore un pas de plus vers la désindustrialisation de la France. 
Les mythes de l'hyper-libéralisme et/ou du matérialisme voudraient nous faire croire que lorsque l'on casse une entreprise elle se remontera sous d'autres formes ailleurs pour le meilleur des mondes. Mais si une entreprise se définie par des bâtiments, des machines, des finances, elle est fondamentalement une communauté d'hommes qui dépasse la simple somme de leurs compétences.
L'établissement Eugène Maréchal, l'ancêtre de Véninov
Dans le cas Véninov, comme dans beaucoup de nos industries, cette communauté d'hommes s'inscrit dans une histoire qui vient de loin et qui dans une suite de générations, d'héritages en héritages, s'est transmis jusqu'à nos jours. Transmission et évolution de savoir-faire, mais bien plus transmission de l'amour du métier vecteur de l'excellence et de toutes ces "petites choses" qui font le sentiment d’appartenance, source de vitalité. Le gâchis le plus fort serait ici, car le démantèlement d'une entreprise telle que Veninov ferait disparaître (dissoudre) à tout jamais cette "âme" de l'entreprise. C'est pourquoi il faut absolument trouver un repreneur. Pour cela, la mobilisation et la détermination du personnel doit être soutenue. Pour cela, le travail du préfet Jean-François Carenco (faire sauter le verrou Gordon Brothers par voie judiciaire) et le travail du tribunal du commerce est le dernier espoir (réponse le 4 octobre ?). Pour cela aussi, il faudrait faire attention à ce que nos "élus rouges" ne fassent pas trop de moulinets et de fanfaronnades à grands renforts de vocabulaire idéologiques ("et démagogiques" comme me l'a indiqué un salarié). Cela pourrait en effet finir par dissuader les bonnes volontés de venir reprendre une entreprise dans un bastion apparaissant comme une terre hostile(1).

Pour ceux qui voudraient aller plus loin dans la réflexion : Quand on approfondie cette analyse de ce qu'est fondamentalement une entreprise et que l'on perçoit l'importance de cette dimension de communauté d'hommes, spécifique et unique pour toute entreprise, on commence à toucher du doigt la dimension dévastatrice de la logique de lutte des classes qui oppose et instaure la haine au sein de cette communauté. Si le libéralisme outrancier explique la crise actuelle pour une part non négligeable, il est certain également que la lutte des classes en a fait insidieusement le lit en sapant ce qui aurait permis de rendre invulnérable les entreprises (notion de bien commun).

(1) Ceci expliquant la difficulté que nous pouvons avoir à nous associer aux démarches de la municipalité, qui par ses propos idéologiques et sa récupération démagogiques systématique provoque le rejet et l'exclusion de toute personne ne partageant pas cette approche.

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